La plupart d'entre nous ne sont
ni des militants syndicaux ou politiques, ni même des
militants associatifs. Pourquoi alors se lancer dans la
création de ce comité de soutien, et pour quelles
raisons y adhérer?
A
une
époque où le monde occidental est si prompt
à s'émouvoir des violations des droits de l'homme
dans des pays lointains tels que la Chine, l'Iran ou autres, il nous
est apparu urgent, à travers l'exemple d'Adlène,
d'attirer l'attention du public sur le fait que des atteintes
inacceptables aux droits de l'homme se produisent également
en France, en toute légalité,
sous le couvert de lois antiterroristes qui semblent pour l'instant
largement acceptées par la population, et qui ont
été votées pour certaines sous des
législatures
de gauche et pour d'autres sous des législatures de droite.
Ces
lois
permettent en effet, sous le couvert du fameux délit d'association de
malfaiteurs en relation avec une entreprise
terroriste, d'interpeller (souvent par le déploiement
disproportionné de forces de polices armées
jusqu'aux dents) des citoyens sur la base d’indices
minimes, voire inexistants, puis de les maintenir en
détention provisoire pour des périodes pouvant
aller jusqu'à 24
mois sans que l'affaire ne se conclue
nécessairement par un procès. Que de gachis en
perspective!
Une enquête récente diffusée sur Canal+
("Tous terroristes!", une enquête de Thierry
Vincent) nous donne
à ce sujet des chiffres édifiants: la France détiendrait
le record d'Europe en matière de procédures
antiterroristes, 430 pour l'année 2009. C'est quarante fois
plus qu'en Allemagne, huit fois plus qu'en Italie et même
deux fois plus qu'en Espagne (pourtant confrontée
à la violence armée des Basques de l'ETA). Au
total, plusieurs milliers de personnes tombent chaque année
dans les filets de la justice antiterroriste française.
Même si les suspects sont finalement mis hors de cause, les
conséquences humaines sont très lourdes.
Dans le cas particulier de l'affaire qui concerne notre
collègue ou ami Adlène Hicheur, sans
remettre en cause le fonctionnement de la justice française
ni
préjuger des résultats de
l'enquête ,
l'absence d' informations sur les charges réelles pesant sur
Adlène et la longueur de sa détention provisoire
(plus de
13 mois déjà) sans qu'une inculpation n'aie
été prononcée nous fait craindre que
son dossier ne
reste encore plusieurs
mois, voir
plusieurs années, en suspens pour déboucher
finalement sur un non lieu …
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